The Legend of Zelda : Twilight Princess, ou l'histoire d'un report sans limites, qui a fait du dernier "grand" jeu GameCube le titre de lancement phare de la Wii. Annoncé dans l'euphorie générale un soir de 2004, TP représentait alors l'aboutissement d'une démo de légende apparue quatre années plus tôt, quand le Link adulte incroyablement classe de Zelda 64 entrechoquait la Master Sword avec l'épée démoniaque de Ganondorf. D'une certaine manière, la Wii concrétise le rêve d'un successeur à Ocarina of Time, tout en tutoyant le risque de n'être finalement qu'une banale redite d'un jeu exceptionnel. Twilight Princess, ou comment un jeune berger à l'existence banale va devenir le héros d'une des plus grandes aventures vidéoludiques jamais créées au contact d'une nouvelle dimension. Test garanti sans spoiler, autant le préciser.
Ce n'est un secret pour personne, un bon Zelda vit et meurt par ses donjons, et avec trois à quatre ans de développement, Twilight Princess se devait d'être à la hauteur. Il n'a pas déçu. Chut, on ne dira rien sur le nombre de tours, ce serait criminel, mais sachez quoiqu'il arrive que Wind Waker est sévèrement battu. Si l'on se fie au compteur de la dernière sauvegarde, l'aventure principale s'étend sur près d'une quarantaine d'heures, sans se presser, sans fouiller le moindre recoin non plus. A raison de trois heures par donjon minimum, le calcul pourrait être vite fait. Mais le jeu ne se contente pas de prisons et de palais pour mettre le joueur en émoi. Il y a déjà toutes ces phases d'exploration à dos d'Epona, qui font autant écho à Shadow of the Colossus qu'à Ocarina of Time, donnant un sentiment de liberté plus qu'appréciable, même si le joueur sait constamment quelle suite donner à sa quête.
Quitte à spoiler le dos de la jaquette, Zelda Twilight Princess verra Link se métamorphoser en loup, une transformation qui intervient relativement tôt dans l'aventure. Pris au piège dans un cachot humide au grand amusement de la malicieuse Midona, une créature dont le regard inquiétant contraste avec l'espièglerie, Link en loup se dirige lui aussi à la Wiimote, pour toute une palette d'actions qui renvoie forcément à Okami. Propice à un petit didacticiel improvisé, l'évasion servira à apprivoiser les différents mouvements de la créature, capable d'agripper des mécanismes, de sauter à la gorge des monstres ou de creuser le sol à l'aide de ses griffes. Mais son plus redoutable pouvoir met à contribution sa cavalière, Midona. En maintenant la gâchette droite, la petite héroïne fait apparaître un cercle d'énergie qui enserre ses proies ; il suffit de relâcher la pression pour que Link fonde sur ses adversaires et les croque l'un après l'autre. Une attaque spéciale qui sera parfois nécessaire pour achever plusieurs créatures démoniaques en une seule attaque, et ouvrir l'accès à une nouvelle zone. Link pourra enfin utiliser ses sens surdéveloppés pour détecter des fantômes ou se laisser guider par le fumet coloré de certaines odeurs. Contrairement à ce que l'on pouvait craindre, l'intégration de Link en loup est assez réussie, un peu forcée sur la fin peut-être. Mais les occasions de métamorphose sont suffisamment nombreuses pour justifier ce qui est bien plus qu'un ajout de dernière minute.
Graphismes
16/20 Un critère très difficile à évaluer faute de référence, dans le sens où on ne sait pas encore jusqu'où peut aller la Wii. Mais même si la réalisation est seulement du niveau d'une GameCube, l'esthétique générale suffit à nous faire oublier les quelques faiblesses techniques. D'une diversité effrontée, le soft s'inspire des meilleures références (Okami, Shadow of the Colossus, Princesse Mononoke, Le Seigneur des Anneaux, etc.) pour un résultat qui laisse rêveur.
Jouabilité
19/20 Twilight Princess réussit à la fois à s'ancrer parfaitement dans l'univers de Zelda en magnifiant la recette d'Ocarina of Time, tout en complétant ces phases traditionnelles par d'autres beaucoup plus inattendues. Le meilleur exemple en est l'évolution dans le royaume de l'ombre par le biais du loup qui renouvelle totalement l'expérience de jeu. Si la prise en main requiert un certain temps d'adaptation sur Wii, elle renforce considérablement l'immersion et n'entrave en rien la progression.
Durée de vie
18/20 On nous avait promis des donjons plus vastes et plus riches, mais on ne s'attendait pas à ce qu'ils soient quasiment occultés par des scènes cultissimes dont je préfère ne rien vous révéler. Les heures défilent à une vitesse vertigineuse sans qu'on ne relâche son attention à aucun moment. Si l'on ajoute l'accomplissement des innombrables quêtes annexes, la durée de vie explose facilement la soixantaine d'heures, selon mes estimations.
Bande son
17/20 Pas aussi marquantes que prévu, les musiques se font un peu discrètes malgré quelques thèmes grandioses. On découvre même un grand nombre d'airs connus, entièrement remixés, qui devraient ravir les connaisseurs. Quant aux bruitages, ils enrichissent considérablement l'ambiance générale, le meilleur exemple étant les interventions de Midona qui dérange par ses ricanements sournois et ses bâillements incessants.
Scénario
18/20 Pour schématiser l'histoire sans rien révéler d'important, sachez que la quête consiste principalement à restaurer la lumière dans les différentes contrées d'Hyrule enveloppées par les ténèbres. C'est très sommaire, mais je préfère vous laisser la surprise, sachant que l'aventure réserve un nombre incroyable de rencontres insolites et de scènes mémorables.
Note Générale
19/20 Faisant fi de toute la pression qui pesait sur ses épaules, The Legend of Zelda : Twilight Princess constitue bien l'apothéose de la saga et n'aura aucun mal à faire l'unanimité auprès des joueurs. A la fois poétique, onirique, violente et sauvage, cette oeuvre magistrale renferme tout ce dont on pouvait rêver et s'impose comme le fer de lance incontestable de la Wii.